lundi 7 décembre 2009

Reddish morning...


Un peu de silence. Une légère brise, pas si hivernale que ça, gonfle par intermittence les lourds rideaux de taffetas. Les yeux à demi ouverts, ils me semblent prendre vie. Puis se meurent à nouveau. Sans un mouvement. L’heure avancée de la matinée laisse ces soubresauts de tissus jouer avec la lumière. Les yeux se rendent. Ils acceptent enfin l’idée du réveil. L’attention est toujours sur ces rideaux. La douceur orangée de la chambre apaise la venue au monde matinale, cette punition des nuits de Babylone. L’esprit se détourne des rideaux et repart vagabonder, sur des pierres en Algérie, sur de l’acier New-yorkais, du sable de Grèce et de la grâce Londonienne. Mais c’est la chaleur Parisienne qui tient le plus à moi. Il faut se pencher pour sentir à nouveau son dos et se recroqueviller pour toucher son péché. Pas un bruit, pas un pas, pas une envie ou même une idée ne viendra perturber cette plénitude.


Le temps semble infini, s’écoulant sans se soucier des aiguilles d’une montre. La peau est encore tiède, salée ou sucrée. Serrer contre soi n’a pas d’odeur. L’âme s’échappe et les doigts s’engourdissent sous un oreiller qui n’est plus le sien. Ces moments sont voués à disparaître de ma mémoire. Être addictif implique l’éphémère. Ce silence que ne vient trahir que les respirations baigne la chambre d’éternité. Cet instant est si fragile, si délicat. Un simple geste déplacé peut, à l’image d’un nuage privant de rayon solaire, briser cet état de grâce. Il n’y a pas de faim, pas de peine, plus de désir mais un simple émerveillement. Juste se réveiller par un excès de douceur.


Egoïste, cette moiteur raffinée ressemble à de la jouvence. Quitter le lit et le charme se brisera. Quitter son rêve éveillé et la part adulte se réveillera. Abandonner le drap et le soleil reprendra sa course. Quitter le nid et de l’aimer tu cesseras. Alors l’esprit préfère se rappeler les cartons dans les rayons de bicyclette et les couettes tirées. Comme le sable de Sicile, l’acier de Berlin, les pierres de Téhéran et la grâce de Moscou. Mais c’est toujours les bras Parisiens qui tiennent le plus à moi.


Les rideaux ont cessés de jouer avec le vent. Le silence a quitté la chambre, emportant les rayons de soleil et la grâce de ce matin, tuant l’enfant et ressuscitant l’adulte. Le seul moment ou l’homme est un enfant. Tout ça pour un café.


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